Julia Hamilton {It's just a game ? So, why I play with you ?}

En d’autre circonstances et si elle avait eu une autre personne en face d’elle, Violet aurait réprimé un sourire satisfait en constatant qu’elle avait réussi à lui clouer le bec. Mais voilà, il s’agissait de Joce et elle n’avait vraiment pas envie de sourire, pas maintenant. Du plus loin qu’elle s’en souvenait, la jeune femme n’avait jamais, semblait-il, était confrontée à une telle situation. Elle se considérait comme une personne franche, sincère et honnête et elle ne comprenait donc pas qu’ils puissent en être arrivé jusque là. Que s’était t-il passé pour qu’elle en arrive au point de devoir faire semblant de le haïr ? Comment avait-elle pu s’enliser à ce point dans le mensonge, jusqu’à ne plus pouvoir revenir en arrière ? Violet ne saisissait pas, ne saisissait plus. Quand elle avait rencontré le jeune homme, au fond d’elle et dès le début, la jeune femme avait toujours pensé que c’était trop beau pour être vrai. Elle aurait aimé trouver quelqu’un qui le comprenait, qui aurait voulu l’aider à réussir et remplir le vide qu’elle avait à l’intérieur d’elle. Mais elle n’avait même pas eu le temps de voir si Joce était cette personne. Ils s’étaient considérés comme des meilleurs ennemis et Violet s’était presque habituée à cette situation. Elle avait presque commencé à croire qu’elle le détestait vraiment, même si son âme lui criait sans cesse le contraire.

La jeune femme aurait pu se prouver à elle-même qu’elle s’était trompée sur Joce. Mais qui aurait pu savoir que les mensonges allaient empirer jusqu’à ce qu’elle-même ne puisse plus voir la vérité ? Ça aurait pu marcher, elle aurait pu trouver une façon de s’avouer - et de lui avouer, par la même occasion - qu’il l’attirait plus qu’elle ne veuille le prétendre, qu’elle ne pouvait le prétendre. Elle aurait du faire de son mieux pour ça, mais elle a tout gardé à l’intérieur d’elle pour préserver sa superbe jusqu’à ce que se soit trop tard. Car c’était trop tard, elle en était certaine. De son point de vue, il la détestait elle ne pouvait plus faire machine arrière. Violet avait la mauvaise impression d’avoir été spectatrice de sa vie durant les derniers mois qui venaient de s'écouler et qu’elle n’avait rien pu faire pour empêcher l’engrenage infernal, le cercle vicieux dont elle avait été et été toujours victime. Mais n’était-ce pas en partie de sa faute ? N’aurait t-elle pas pu passer au-dessus de sa fierté et de son honneur, pour une fois ? La jeune femme avait perdu contre elle-même et elle n’avait aucunes excuses…

Et il y eu cet enfant. La jeune femme avait toujours aimé les enfants et les bébés. Sa tante avait eu un petit garçon le jour où Violet a eu quatorze ans et elle se souvenait de toujours s’en être occupée le plus possible quand il était à la maison. Elle se rappelait de lui avoir donné à manger, de lui avoir donné son bain, tout jusqu’à changer ses couches ! Et puis, elle avait grandi et ne s’en était plus occupée comme avant. Il faut dire qu’après quinze ans, on a des autres préoccupations que celle de jouer à l’apprentie maman… Bref, tout ça pour dire qu’elle venait de changer d’avis en sentant le petit garnement la pousser. Et, comme au ralenti, elle se sentit tomber sur Joce et vit ce dernier la rattraper assez bien pour qu’elle se retrouve dans ses bras, sur ses genoux et plus proche de lui qu’elle ne l’avait jamais été. Son rythme cardiaque s’accéléra tandis qu’elle fixait le jeune homme, indécise. Heureusement qu’elle n’était pas cardiaque, sinon il était certain que Violet serait déjà en train d’étouffer à cet instant.

Mais zut, pourquoi devait-elle toujours se retrouver dans de telles situations ? Elle était maudite, ou quoi ? Oui, ce devait être ça. Quelqu’un lui avait jeté un sort, pour une raison qu’elle ignorait. Y’avait-il un marabout dans le coin ? Bon, il fallait qu’elle se calme. Il suffisait qu’elle se remette debout et qu’elle l’insulte de tous les noms en le traitant de pervers et en lui demandant de quel droit il la tenait dans ses bras. Au moins ça ferait naturel… Oui, mais… La jeune femme soupira intérieurement. Si elle faisait ça, tout redeviendrait comme avant et elle n’en avait vraiment pas envie. Elle était fatiguée et las de toutes ces disputes non justifiées et de ces prises de becs. Alors que pouvait-elle faire ? Faire ce qu’elle avait terriblement envie de faire - c'est-à-dire, l’embrasser - au risque de se faire rejeter ? Et pourquoi pas ? Dans la vie, il faut parfois faire des choix, dont celui de laisser celui que l'on on était derrière nous. Le hasard n'existe pas et tout ce qui arrive est dû à des choix que nous avons faits, à un moment donné. Violet avait depuis longtemps appris qu’elle était seul maître de son destin et qu’elle seule pouvait décider de son avenir. Tant pis pour les conséquences. Il fallait se lancer.

La jeune femme approcha son visage de celui de Joce, caressa doucement sa joue et l’embrassa, enfin. Au fond d’elle, elle n’en revenait pas d’avoir eu le cran de le faire. Mais finalement, elle était fière d’avoir réussi à dépasser son honneur. Il pouvait bien la rejeter et même l’insulter, ce qu’elle était certaine qu’il allait faire, puisqu’il la détestait, mais elle s’était déjà habituée à cette idée. Elle venait de lui donner une raison de plus pour se moquer d’elle et pour l’abhorrer, mais ce n’était plus très grave maintenant, car elle savait qu’elle n’aurait pas de regrets. Peut-être qu’une fois en face de son frère, elle ressentirait une légère gêne mais… James. Son frère. Son image lui revient en tête, suivi de celle de Pete et de William. Non, elle ne pouvait pas… Violet rompit le baiser mais ne se leva pas pour autant. Elle resta un long moment silencieuse, avant de fixer de nouveau les yeux de Joce.

"Je crois qu’il faut que l’on ait une discussion…"

Et pour une fois, elle voulait qu’ils discutent sérieusement, sans noms d’oiseaux. Elle se devait de lui expliquer son comportement et elle espérait qu’il ne soit pas trop énervé et qu’elle ne l’ait pas assez dégoûtée pour qu’il refuse de l’écouter. La jeune femme avait besoin de ce moment tranquille où la haine n’avait plus de place entre eux pour qu’ils se parlent enfin. Et qui sait, peut-être repartirons t-il de zéro ?